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le cyborgien

Sans snobisme, entre voyage dans le temps et à travers les genres, le Cyborgien tente d'agrandir votre regard.

28 Feb

Constantine : l'Enfer de DC Comics.

Publié par COTE André  - Catégories :  #Constantine, #NBC, #David S. Goyer, #David Cerone, #fantastique, #DC Comics, #comic book, #Matt Ryan

 

 

 

Pendant que la Marvel continue d'étendre son univers sur grand et petit écran, sa rivale, DC, passe à la vitesse supérieure en exploitant à outrance son catalogue. En effet, là réside toute la différence entre l'une se servant de tous les supports pour dépeindre un tout et l'autre dont chaque opus doit être indépendant alors que le matériau d'origine fait partie d'un ensemble. Sur le long terme, cette stratégie s'avère problématique et Constantine a tout l'air d'en payer les pots cassés.

 

 


 

 

Oui, ce n'est sans doute pas évident pour le grand public (ou plutôt pour un public qui ne s'intéresse pas aux comics), mais Constantine est un personnage qui évolue dans l'univers de Batman et Superman, l'univers de DC Comics autrement dit. C'est un sorcier au look de détective privée qui mène des enquêtes où se mêlent paranormal, magie vaudou et autres forces occultes. Dans l'univers DC, John Constantine est un personnage secondaire apparu d'abord dans une autre série, The Swamp Thing (la Créature du Marais en VF), avant d'avoir sa série à lui, HellBlazer.

Il n'en est pas à sa première adaptation et quelques-uns connaissent peut-être le film Constantine de Francis Lawrence (futur réalisateur de Je suis une Légende avec Will Smith et des Hunter Games) avec Keanu Reeves dans le rôle-titre. Il s'agit bien du même personnage et du même univers, mais les efforts de retranscription à l'image sont quelque peu différents : ne serait-ce au niveau de l'interprétation puisque Reeves adopte un ton désinvolte et flegmatique (ben oui, Keanu fait du Keanu) pour incarner le cynisme du personnage, quant à Matt Ryan, qui reprend le rôle dans la série, il se rapproche d'un diablotin qui sort de sa boite avec sa gestuelle frénétique. Autant vous dire que c'est plutôt ce dernier qui vise juste, grâce à son jeu d'acteur mais aussi son physique : Ryan est blond, comme son homonyme de papier, alors que Reeves, lui, est brun.

 

 

 

En outre, l'argument censé différencier une bonne fois pour toute la série du film réside dans sa mythologie. En deux heures de métrage, il est très difficile d'esquisser quoique ce soit (même si les effets spéciaux aident pas mal pour poser un semblant d'atmosphère, Lawrence venant du milieu des vidéo-clips musicaux et cela s'en ressent), puisque la présentation des personnages et de l'univers prend déjà pas mal de temps : Constantine a beau avoir tendance à faire cavalier seul, il est toujours accompagné de quelques comparses. Or, en quelques épisodes, il est possible d'amorcer plusieurs fils rouges et c'est un peu là que se situe le souci de la série.  

Il faut bien considérer une chose, l'un des attraits du comics est de proposer une vision « underground » de l'univers DC (Constantine évolue dans les bas-fonds, mais il lui arrive de croiser le chemin de figure emblématique, comme Flash par exemple), or la firme a été claire à ce sujet « aucune connexion entre les séries » alors qu'elle en a maintenant 4 à l'antenne : Constantine, Gotham, Arrow et Flash. Bon, je le concède, ma démonstration est faussée pour les deux dernières : l'une étant la série dérivée de l'autre, elle partage, en l'occurrence, le même univers.

 

 


 

 

Néanmoins, le cas de Constantine soulève bien un problème. Alors que DC passe à l'offensive en multipliant les séries (cette année, pas moins de 4 séries donc, contre 1 l'an passée), la firme refuse de prendre en compte une donnée propre aux comics : la logique des "univers partagés". Contrairement à Marvel qui applique cette logique justement via leur MCU (tous leurs films et séries appartiennent au même univers), DC hésite toujours à retranscrire cette particularité au cinéma (même si les dernières news montrent que ce serait sur le point de changer avec Batman V Superman) et à la télévision.

Pour un néophyte, ce qu'on appelle un « univers partagé », c'est simplement la pratique des clins d'œils et autres intrigues liées. À la télévision, ce qui s'en rapproche le plus se retrouve dans la logistique des cross-overs : les histoires qui débutent dans une série pour se conclure dans une autre. Dans les comics, cela aboutit à la cohabitation de plusieurs personnages dans une même aventure alors qu'ils ont chacun leur propre série. L'air de rien, cela apporte un vrai background à chaque protagoniste, même les plus mineurs, puisque cela permet à ces derniers de se reposer sur un univers pré-existant.

 

 


 

 

Dans le cas d'un Constantine, ce principe lui permet d'avoir un regard décalé sur l'univers DC. Il faut bien prendre en compte que, dans le comics, le personnage évolue dans l'ombre des super-héros, ceux-ci étant des modèles à suivre. Dès lors, le cynisme du personnage fait de lui une alternative attractive pour les lecteurs : à côté d'un Superman rigide, notre détective sorcier apparaît tout de suite charismatique avec son air désabusé et magouilleur. Or, en éludant toute cette dimension référentielle, il ne reste de Constantine qu'une série fantastique... banale : il faut dire que le créneau des enquêteurs du paranormal a été balisé par X-Files et est actuellement occupé par Supernatural à laquelle, d'ailleurs, Constantine ressemble beaucoup.

On pourrait donc dire que ce n'est pas vraiment de la faute aux créateurs de la série, David S. Goyer et Daniel Cerone, mais plutôt au parti-pris des têtes pensantes de la société-mère : il faut bien reconnaître que sur 4 séries, il n'y a que 2 diffusées sur une même chaîne, Arrow et Flash justement. Ceci dit, je serais enclin à penser que Constantine démontre les limites des deux bonhommes : David Goyer est le scénaristes de la trilogie Blade et Dark Knight, mais aussi le réalisateur du mal-aimé Blade Trinity (mal-aimé à juste titre) tandis que Daniel Cerone a fait ses premières armes dans Charmed (oui oui, Charmed) avant de gagner du galon jusqu'à devenir l'un des producteurs de Dexter.

 

 


 

J'avoue que lorsque je parle des « limites des deux scénaristes », je vise plus particulièrement le cas de David Goyer. C'est bien simple, sur Constantine, je retrouve tous ses poncifs habituels, du moins, les défauts que je lui trouve lorsqu'il est seul aux commandes  : la trilogie Dark Knight doit beaucoup au réalisateur Christopher Nolan, ainsi qu'à son frère Jonathan (le créateur de Person of Interest). De mon point de vue, se serait en grande partie de la faute à Goyer si les histoires sont mécaniques et qu'on ne ressent aucun affect pour les personnages, alors que ceux-ci sont loin d'être inintéressants : on retrouve déjà ses lacunes dans FlashFoward, d'où mes soupçons.

Au niveau de l'ambiance, je le concède, la série parvient à trouver le ton juste et Matt Ryan réussit à porter le show sur ses épaules : si on cherche la petite bête, on pourrait lui reprocher d'être un peu trop « clean » parce que le personnage est censé être un fumeur invétéré (toujours un clope au bec) mais la chaîne le lui interdit, pour des raisons évidentes de censure. En raison de ses états de service (Dexter quand même), je serais enclin à penser que cet aspect est dû à David Cerone.

 

 

 

En cela, il est dommageable que les auteurs n'aient pas un accès plus conséquent au catalogue de DC Comics, ne serait-ce pour évoquer un univers plus vaste. Il aurait été amusant, par exemple, que Constantine fasse une apparition le temps d'un épisode de Arrow avant que sa propre série soit lancée : cela aurait eu le mérite de poser les bases du personnage ainsi que son statut d'intervenant ponctuel. Au lieu de ça, Constantine doit se contenter de ressembler à une resucée en (beaucoup) moins efficace de Supernatural. Ce n'est pas honteux, mais elle donne l'impression d'arriver avec 10 ans de retard.

 

Photo Credits : NBC

Constantine : l'Enfer de DC Comics.
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P
J'apprécie votre blog, n'hésitez pas a visiter le mien.<br /> Cordialement
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M
Avec plaisir, quel est le lien ?

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