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le cyborgien

Sans snobisme, entre voyage dans le temps et à travers les genres, le Cyborgien tente d'agrandir votre regard.

22 Jan

Le Caméléon : attrapez-le si vous pouvez !

Publié par André COTE  - Catégories :  #Le Caméléon, #Code Quantum, #Michael T. Weiss, #La Trilogie du Samedi, #NBC, #The Pretender

 
 
Avant l'avènement d'Internet et du streaming, les passionnés des séries-télés (que l'on appelle communément sérievore, sériephile ou série addict) devaient se contenter d'attendre la diffusion des épisodes inédits à la télévision. Ou alors on programmait le magnétoscope pour un visionnage ultérieur, en cas d'un événement imprévu comme une soirée chez un ami par exemple. Une fidélité qu'il est aisé d'assimiler à un acte religieux, après tout, ce n'est pas pour rien si certaines sont qualifiées de « série culte ».

De cette manière, parmi ses moments que l'on rapprocherait de « messes télévisuelles », les sérievores trentenaires ont été marqué par la soirée de M6 appelée la Trilogie du Samedi. Lancée au milieu des années 90, cette case horaire consistait à regrouper trois séries (d'où le « Trilogie » du titre) de 20h50 jusqu'à 23h30. Le concept en lui-même n'est pas une innovation puisqu'il n'est que la transposition française de la soirée de la chaîne NBC désignée sous le nom de Thrillogy. En traversant l'Atlantique, on perd donc le jeu de mot entre Thriller et Trilogie, mais on garde l'esprit du programme par lot de trois.
 
 
 
 
Si c'est dans ce créneau que des séries comme Buffy contre les Vampires, Charmed, La Sentinelle ou encore Dark Angel ont gagné leur popularité, la programmation d'origine (aussi bien aux États-Unis qu'en France) réunit Le Caméléon, Dark skies et Profiler. Et c'est cette première des trois qui va nous intéresser. Après une diffusion hebdomadaire le Vendredi en seconde partie de soirée, Le Caméléon, ou The Pretender en VO, se voit offrir l'honneur du prime-time en ouvrant la fameuse Trilogie du Samedi, et ce, pour 4 ans.

Créée par Steven Long Mitchell et Craig Van Sickle (que l'on retrouvera ensuite en tant que scénaristes réguliers sur NIH), Le Caméléon raconte l'histoire de Jarod, un enfant surdoué qu'un laboratoire appelé le Centre utilise pour des expériences secrètes, des simulations, d'où le titre original de The Pretender, littéralement Le Simulateur. Le don de Jarod est de se glisser dans la peau de n'importe qui, tel un caméléon justement. Une fois adulte, il parvient à s'échapper, le Centre envoie aussitôt à ses trousses l'implacable Miss Parker (Andrea Parker, dont l'homonymie est fortuite) et Sydney (Patrick Bauchau), le psychologue qui a élevé Jarod en vrai père spirituel. Malheureusement pour eux, les talents de leur Caméléon sont tels qu'il en devient insaisissable.
 
 
 
 
 
Cette histoire n'est pas entièrement une création de Mitchell et Sickle. Les deux scénaristes se sont inspirés de Ferdinand Waldo Demarra connu pour avoir dupé son monde en se glissant dans différents métiers alors qu'il n'avait pas les diplômes, comme chirurgien ou avocat. Demarra n'est pas un cas isolé, le film de Steven Spielberg, Attrapes moi si tu peux, s'inspire même d'un autre « caméléon », Franck Abagnale Jr.. Bon, évidemment, toute la mythologie autour du Centre provient, elle, de l'imagination des deux producteurs, mais le concept d'un homme passant d'une fausse identité à une autre avec une facilité déconcertante est bel et bien là.

De l'histoire de Demarra, Mitchell et Sickle ont donc conçu une série qui se veut un croisement entre Le Fugitif et Code Quantum. Du Fugitif, on retrouve le fil rouge de cet homme pourchassé, contraint de se fondre dans différents milieux sociaux, et c'est justement dans la diversité de ses milieux que l'on retrouve l'ambiance de Code Quantum. À l'instar du héros de cette dernière, Jarod se glisse aussi bien dans la peau d'un chirurgien que d'un avocat ou d'un pompier d'un épisode à l'autre. Une structure un brin répétitif qui plombe la première saison.

Ainsi, à première vue, Le Caméléon n'a rien de transcendant avec ses histoires redondantes (à chaque fois, Jarod vient réparer une injustice) et sa photographie banale. Mais ce serait trop vite oublié les qualités de l'écriture et de l'interprétation. Les épisodes donnent la part belle aux personnages secondaires rencontrés au gré des aventures qui n'ont pourtant que quelques minutes pour nous émouvoir. Évidemment, le capital sympathie de cette cuvée tient énormément au talent de Michael T. Weiss, impeccable dans la peau de Jarod. Ce brun ténébreux a la lourde tâche de ne pas être arrogant dans un rôle de surdoué. Au contraire, il parvient à insuffler une dose de candeur bienvenue. Si il a des connaissances si étendues qui aurait pu le rend énervant (à cause de son côté Monsieur Je-sais-tout, déjà que physiquement, il a tout pour lui), il se montre curieux comme un enfant qui découvre le monde, rappelant son état d'orphelin élevé à l'écart, ce qui le rend d'autant plus attachant. On sent que le Michael s'est amusé comme un petit fou à jouer avec toutes les facettes de son personnage. Ainsi, tour à tour, l'acteur réussit à se montrer menaçant puis chaleureux, vrai bout-en-train puis d'une profonde gravité. Tout ça en modulant sa voix (à ce titre, l'effet est plus saisissant en VO) et son aptitude, au point que l'on peut se demander pourquoi sa carrière d'acteur n'a pas décollé par la suite.
 
 
 
 
 
C'est lors de la seconde saison que Le Caméléon prend son véritable envol. Le personnel du Centre commence à se dévoiler et c'est là que les mystérieux Monsieur Raines (le chauve qui traîne toujours une bouteille d'oxygène) et Monsieur Lyle (James Denton, parfait en beau gosse menaçant, bien avant d'être le Mike Delfino de Desperate Housewives) vont prendre de l'ampleur. De cette manière, l'écriture devient plus ambitieuse avec ces relations entre les personnages de plus en plus complexes et certains relégués dans le décor vont même devenir des piliers du show, comme Broots (Jon Gries), l'informaticien de l'équipe de Miss Parker. Si la traque de Jarod reste le fil rouge, les motivations du Centre devient une thématique récurrente permettant de fouiller le passé de tout les protagonistes. 
 
Malheureusement, au fil des saisons, à force de vouloir complexifier ces relations dans le but de rendre la série intéressante. Les scénaristes se prennent les pieds dans le tapis. Au bout de 4 saisons, le caractère fun du show s'étiole et les intrigues virent au soap. Si Jarod n'est plus seul dans sa lutte (il n'est pas le seul enfant élevé dans le Centre et les autres l'aident à leur manière), on apprend surtout que les aventures d'un soir au sein du personnel du laboratoire ont été nombreuses (en gros, on se surprend à se demander qui a couché avec qui?), ce qui conduit à la révélation de lien de parenté surprenant.
 
 
 
 
De plus, Le Caméléon fait partie de la liste des séries à ne pas avoir de conclusion. Malgré ses audiences correctes, la chaîne a préféré l'annuler au terme de sa 4e saison. Les créateurs ont bien négocié pour lancer la production de 3 téléfilms afin d'apporter un dénouement, seul 2 ont été tournés. On devine bien quelques pistes, mais elles se montrent si exubérantes (dans la droite lignée de la dernière saison en fait) qu'on aimerait les oublier afin de permettre aux auteurs de rectifier le tir dans un ultime baroud d'honneur.

Rien de dramatique en soi, Le Caméléon est toujours une série plaisante à voir et à revoir, grâce à une réalisation solide et l'enthousiasme communicatif de l'ensemble. Il est simplement dommage que la lutte de Jarod contre le Centre n'ait pas de conclusion. Mais franchement rien que pour voir notre fugitif jubiler, le sourire au coin, en damant le pion aux sbires du laboratoire secret, Le Caméléon vaut le coup d’œil.
 
Photo Credit : NBC
Le Caméléon : attrapez-le si vous pouvez !
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C
excellente analyse que je partage à 100%compte-tu aussi chroniquer "dark skies" & "profiler" ?
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A
Pas dans l'immédiat, d'autant plus que j'ai pas suivi Dark skies à l'époque et que j'ai décroché de Profiler lors de la 4e saison.
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A
voilà une série que je ne ratai pas..<br /><br /><br /><br />Nico
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