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le cyborgien

Sans snobisme, entre voyage dans le temps et à travers les genres, le Cyborgien tente d'agrandir votre regard.

30 Sep

The Strain : Les vampires par Del Toro.

Publié par COTE André  - Catégories :  #The Strain, #Vampire, #Guillermo Del Toro, #FX, #David Bradley, #Corey Stoll, #Kevin Durand

 

 

Il s'agit sans doute de la série la plus attendue de l'été dernier. Non pas en raison de son sujet (non mais, sans rire, encore une autre série sur les vampires?!), mais des personnalités derrière le projet. Pour cette raison, les fans de film fantastique s'impatientaient de voir un cinéaste comme Guillermo Del Toro s'atteler à une production télévisuelle. L'un des enjeux de The Strain est donc de démontrer que ce réalisateur pouvait adapter sa vision bien singulière du genre à la petite lucarne.

 

 

 

Cependant, Del Toro ne part pas d'une base vierge, mais d'une série de livres qu'il a co-écrit avec Chuck Hogan. Hogan est un romancier, auteur de The Prince of Thieves qui lui a valu le prix Hammett en 2005 et qui a été adapté par Ben Afleck avec le film The Town. Pour Del Toro, l'écriture de ses romans était une manière de patienter pendant que deux de ses projets étaient en attente : le studio MGM , à cause d'une situation financière difficile, tarde à lui donner le feu vert pour The Hobbit – trop las d'attendre, il s'en ira, remplacé par Peter Jackson - et son adaptation des Montagnes Hallucinées fait du surplace faute de trouver des investisseurs. Sans compter les histoires que le réalisateur écrit pour les jeux vidéos HellBoy. Durant ce laps de temps, Del Toro s'associe donc avec le romancier pour une série de roman, une trilogie pour être exact. Elle se titre The Strain, traduit en français par La Lignée, et elle raconte encore une histoire de monde menacé par des vampires, ou de créatures équivalentes.

En effet, le sujet n'est, en soi, pas très novateur. Déjà, il y a moins de dix ans, le blockbuster I'm Legend avec Will Smith abordait le sujet, alors qu'il était, lui-même, une énième adaptation d'un roman de Richard Matheson. De plus, le synopsis du pilote enchaîne les lieux communs et les poncifs que l'on croirait sortis tout d'un épisode de X-Files : l'équipage et les passagers d'un 747 sont découverts morts après l'atterrissage de l'appareil, les autorités ne parviennent pas à déterminer les circonstances de leur décès. En raison d'une absence de crash aérien, on est plus proche d'un Fringe (la série s'ouvrait sur une histoire similaire, pour ne pas dire identique) que des enquêtes de Mulder et Scully. Pour vous dire à quel point, ce point de départ sent le déjà-vu.

 


 

 

Là, où la série devient passionnante réside dans son aptitude à concilier l'imagerie du cinéaste dans un cadre contemporain, ou plutôt, plus proche du quotidien du spectateur. Le réalisateur du premier épisode, c'est bel et bien Del Toro, et cela se ressent autant dans l'atmosphère que dans les éléments posés. Les fans seront donc réjouis de retrouver bon nombre de récurrence et de thèmes issus de sa filmographie : le look de David Bradley en fait un troublant sosie de John Hurt de Hellboy, les vies de familles compliquées des docteurs Goodweather et Martinez, le personnage de Kevin Durand qui paraît sortir du Blood Pack de Blade 2, vu sa carrure, etc.

La filiation avec l'oeuvre de Del Toro va même encore plus loin. Déjà, en raison du look des vampires, puisque nous sommes ici bien loin du glamour des Twilight et autres Vampires Diaries. D'ailleurs, pour les fans des deux sagas suscitées, la première vision des créatures de The Strain risque d'être un choc. Les suceurs de sang chez Del Toro sont plus proches de bêtes guidées par des instincts animales : quiconque a vu Blade 2 pensera aux vampires génétiquement modifiés dudit film. Mais, surtout, le fil rouge qui s'esquisse au bout de quelques épisodes tend vers une hypothétique origin story : le rassemblement d'une  équipe visant à éviter l'invasion, ce qui n'est pas sans rappeler le service spécial décrit dans les Hellboy.

 

 


 

 

Néanmoins, il est tout de même bon de rappeler que les moyens mis à disposition de Del Toro, entre un long-métrage et une production télévisuelle, sont très différents. Ainsi, le cinéaste semble souvent se heurter aux limites de ce que lui offre le média télévisuel : il ne peut pas développer à sa guise une production design aussi fastueuse qu'un long-métrage, d'où une impression de recyclage. En l'état, les premiers épisodes ressemblent à un enchaînement de situation mille fois vues et revues, dans une ambiance qui lorgne du côté des propres films du cinéaste : certains parleront d'auto-citations (les récurrences de thématiques et d'éléments sont le propre d'un auteur), d'autres parleront d'auto-plagiat et accuseront Del Toro de se reposer sur ses lauriers.

En cela, la présence de Carlton Cuse au poste de showrunner ne peut être que bienfaitrice pour The Strain. Cuse a été l'un des producteurs exécutifs de Lost et travaille actuellement sur Bates Motel, il a donc toute l'expérience requise pour mener le projet The Strain à bien. Si Del Toro et Hogan ont réussi à imaginer une mythologie intéressante (et Del Toro a posé les jalons d'une atmosphère envoûtante), Cuse se montre apte à structurer tout ça dans le but de donner du relief à chaque épisode. C'est sans doute grâce à lui si nous sentons une tension montant crescendo alors que les débuts paraissant bien brouillon.

 

 


 

 

Les premières épisodes s'avèrent une légère déception (nous sentons la patte Del Toro, ce qui a son charme et ses inconvénients), mais, au vu du passif des créateurs et du showrunner, il convient de voir le verre à moitié plein. Si l'imagerie ne se montre pas aussi marquante que l'on aurait pu s'attendre, les enjeux se révèlent, eux, denses et passionnant. The Strain s'en sort avec la mention « peut mieux faire », mais c'est déjà d'un très bon niveau.

 

 

Photo Credits : FX

The Strain : Les vampires par Del Toro.
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