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le cyborgien

Sans snobisme, entre voyage dans le temps et à travers les genres, le Cyborgien tente d'agrandir votre regard.

21 Jan

Beauty and the Beast : Barbie Inspectrice de Police

Publié par COTE André  - Catégories :  #CW, #Kristin Kreuk, #Beauty and the Beast, #Smallville, #The Vampire Diaries, #teen show, #cop show

 

 

En occupant une place privilégiée sur la grille de programme de leurs chaînes respectives, les séries télés en deviennent les figures de proue. Par cette exposition, elles cultivent l'image de marque et de prestige de leurs diffuseurs. C'est pourquoi CBS est synonyme de cop show (Les Experts et NCIS sont chez elle) et NBC est toujours associée au souvenir des Urgences et autres Friends. Quant à la CW, elle est avant tout connue pour viser les adolescents : elle a renouvelé jusqu'à plus soif les Frères Scott, Gossip Girl et Smallville. Cependant, depuis quelques années, la chaîne semble se chercher, mais avec Beauty and the Beast, on constate que les vieilles habitudes ont la vie dure.

 

 

 

 

Effectivement, il est presque anachronique de voir cette série dans les grilles de la CW en 2014. Actuellement, la mode sur la chaîne est de se vouloir sombre et torturé : la preuve en est la situation de Supernatural, qui passe de « perle noire » à ses débuts à « valeur sûre » aux côtés de The Vampire Diaries et Arrow. Si Beauty and the Beast tente par tout les moyens de se raccrocher aux wagons en marchant sur les plates-bandes de The Vampires Diaries, il faut bien avouer que son ambiance de romance à l'eau de rose, son allure cheap et surtout sa vedette évoque plutôt les heures sombres de Smallville.

 

Petit rappel pour les plus jeunes sérievores, Smallville raconte les aventures d'un Clark Kent adolescent, donc de Superman avant qu'il ne devienne Superman. Dans cette production, Kristin Kreuk y a incarné pendant une dizaine d'années, Lana Lang, la petite amie de Clark Kent. Enfin, le terme « petite amie » est peut-être mal approprié, l'un des story-arc qui a tenu en haleine une partie du public concerne justement cette relation entre Lana et Clark : quand est-ce que Lana allait découvrir le secret de Clark ? Quand allait-elle tomber dans ses bras ? Etc. C'est ce genre de romance « à suspens » que l'on retrouve dans Beauty and the Beast, même si Kristin incarne un personnage un chouïa différent, Catherine Chandler. Oui, je précises bien « un chouïa », puisque, contrairement à Lana Lang qui est le stéréotype de la demoiselle en détresse, Catherine Chandler, elle, est une inspectrice de police, donc une femme forte. Avouons-le d'office, avec son joli minois et son physique frêle, Kristin Kreuk fait partie des erreurs de casting de l'année. Elle joue Lana Lang et Catherine Chandler de la même manière et les points communs entre les deux personnages se multiplient au fil des épisodes : un passé trouble et des problèmes relationnels avec leur proche. De là à voir en Beauty and the Beast une sorte de suite officieuse de Smallville avec une Lana Lang devenue officier de police dans une métropole bien connue, il n'y a qu'un pas.

 

 

 

 

On pourrait être indulgent concernant le choix de mettre en vedette Kristin Kreuk si elle était entourée d'un casting solide. Mais la fadeur de ce vedettariat est représentative de l'état d'esprit de la production. Face à Kristin, en guise de « Bête », nous avons le bellâtre Vincent, incarné par Jay Ryan « défiguré » par une petite cicatrice, Catherine travaille dans un commissariat de Police où la moyenne d'âge doit tourner aux allures de la trentaine (le chef doit avoir 35 ans à tout casser) et il est difficile de trouver plus caricatural que les amis de nos « héros »: le comparse de Vincent est un geek parce qu'il est gros avec des lunettes et les amies de Catherine semblent sortir tout droit d'un magazine féminin type Jeune et Jolie. Seule, Nina Lisandrello, dans le rôle de Tess Vargas, la coéquipière de Catherine, sort du lot en se montrant plus vive et rigoureuse. Elle aurait même très bien pu faire partie de la bande de Arrow ou Nikita, par exemple.

 

En fait, Beauty and the Beast a un intérêt « autre », ou plutôt « malgré elle ». Son créateur est Ron Koslow, ce dernier a déjà marqué la mémoire des sériephiles plus âgés avec une version de Beauty and the Beast... de 1987, celle avec Kristin Kreuk en est donc un remake avoué. La comparaison entre les deux productions se révèle douloureuse, très douloureuse même, puisque Beauty and the Beast version 2012 se pose en nouvel exemple du problème du jeunisme qui règne à Hollywood : la série de 1987 se reposait sur un casting solide qui a fait ses preuve depuis (Catherine était interprétée par Linda Hamilton – alias Sarah Connor en personne dans les Terminator – et c'était Ron Perlman – Hellboy, Blade 2, La Guerre du Feu - qui incarnait Vincent), celle de 2012 joue sur le glamour de son duo vedette ; Jay Ryan a une simple cicatrice pour abîmer son beau visage alors que Perlman portait un lourd maquillage le rendant méconnaissable, faisant de lui un être mi-humain mi-lion ; en 1987, la romance était rendue impossible à cause d'une cohabitation difficile entre un univers moderne et urbain (Catherine) et un autre, souterrain celui-ci, baignant dans l'heroic fantazy, en 2012, Vincent est un soldat vivant caché dans un entrepôt à l'abandon.

 

 

 

 

Si encore les défauts ne se résumaient qu'à un casting et une imagerie faisant de Beauty and the Beast un roman-photo vivant, mais l'écriture des scénarios est du même niveau. Prenez le cas de Vincent, ce dernier est un soldat qui a subi des expériences militaires. On veut bien croire qu'il s'agit d'un fil rouge développé tout du long de la série, mais les auteurs grillent leur cartouche en trois épisodes supprimant d'entrée tout mystère à ce sujet : un agent du gouvernement et des flasbacks nous révèlent, pratiquement dès le début, les effets secondaires de ses expériences qui peuvent transformer Vincent en monstre sanguinaire. Pour couronner le tout, la romance prend tellement le pas sur les enquêtes (alors que la série adopte le format du cop show) faisant perdre au personnage principal le peu de crédibilité qui lui restait. Catherine a donc l'air d'envoyer constamment balader toute obligation professionnelle pour pouvoir s'occuper à son aise de Vincent : ses excuses pour s'éclipser (et laisser à sa partenaire tout le travail à faire) deviennent même un running gag, tant elle passe soit pour une tire-au-flan, soit pour une mythomane en passant son temps avec un petit ami mystérieux que personne ne doit voir.

 

Ainsi, on peut comprendre les intentions des auteurs à vouloir remettre au goût du jour le lyrisme qui a fait le succès de la précédente version. Mais ici, entre les musiques pop sirupeuse (dès que Catherine aperçoit le minois de Vincent à l'autre bout d'un couloir, une chanteuse se fait entendre), le casting digne d'un Harlequin et des fautes de débutant dans l'écriture, Beauty and the Beast version 2012 ressemble davantage à une parodie qu'à un réel hommage à son aîné. Les touches d'humour pour donner un second degré à l'ensemble n'arrange pas les choses et achève de ridiculiser le postulat : Vincent est censé être sombre et torturé, pourtant il se montre souvent enclin à la plaisanterie (c'est vrai qu'il faut charmer la téléspectatrice, la principale cible de la série).

 

 

 

 

Pour toutes ces raisons, la mayonnaise ne prend jamais. Beauty and the Beast version 2012 est donc à ranger dans la catégorie des « guilty pleausure ». Certains prendront du plaisir à voir ses mannequins (j'ai du mal à les appeler acteurs) jouer aux gendarmes et aux voleurs, d'autres seront sûrement enclin à tout pardonner au beau regard ténébreux de Jay Ryan, mais ceux qui demander d'une série plus qu'un divertissement qui met en valeur le sex-appeal de ses interprètes peuvent passer leur chemin. Beauty and the Beast version 2012 est à Once Upon A Time, ce que Charmed était à Buffy.

 

Photo Credits : CW

Beauty and the Beast : Barbie Inspectrice de Police
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