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le cyborgien

Sans snobisme, entre voyage dans le temps et à travers les genres, le Cyborgien tente d'agrandir votre regard.

30 Apr

Gotham : du Batman sans Batman

Publié par COTE André  - Catégories :  #Fox, #cop show, #super-héro, #Bruno Heller, #Benjamin McKenzie, #Southland, #Agent Carter, #Smallville, #DC Comics

 

Le message est maintenant clair et net, les maisons d'édition DC et Marvel se tirent ouvertement la bourre. Au ciné, DC est battu par KO, Marvel ayant réussi à poser les bases de son univers à travers une dizaine de films. Au niveau de la télévision, en revanche, la première a déjà plusieurs coups d'avance avec une pléthore de séries à son actif, l'une d'entre elles, Gotham, paraît même être une réponse à la récente Agent Carter, à moins que ce ne soit le contraire, les deux ayant été en développement au même moment.

 

 

 

 

En effet, cette année, DC tente massivement d'occuper les écrans de la télévision américaine. Et quand je dis « massivement », je pèse mes mots puisque chaque chaîne (excepté ABC bien sûr, appartenant au même groupe de Marvel et diffusant Agents of SHIELD) se voit proposer une commande estampillée DC Comics : la CW a donc maintenant Arrow et Flash, la NBC Constantine et la Fox Gotham. Ces 4 séries explorent à leur manière l'univers mythologique de leur firme, mais celle qui nous occupe a comme singularité d'être portée non pas par un personnage-phare, mais par un protagoniste secondaire à l'importance toutefois non négligeable : le Commissaire James Gordon.

 

Même si vous n'avez vu qu'un seul film titré Batman (ou Dark Knight) dans votre vie, vous devez savoir qui est James Gordon. Il est tout simplement le bras droit du Chevalier Noir de Gotham au sein de la Police, l'allié indispensable de la Chauve-Souris. Alors que la ville est décrite comme une cité tentaculaire gangrenée par la Pègre et les gangs, Gordon reste l'archétype du policier intègre, et ce, malgré les tentations. Une situation d'autant plus admirable qu'il a toujours été présenté comme un vieux de la vieille, un officier dont l'expérience n'a pas eu raison de ses principes moraux. Mais là, nous parlons d'un personnage qui occupe le poste de Chef de la Police et qui peut compter sur la présence d'un super-héros pour lui prêter main forte, or, dans cette nouvelle série de DC Comics, James Gordon est encore un jeune Inspecteur (autrement dit, le « rookie ») qui débarque à peine et apprend à la dure la vie dans la cité.

 

 

 

 

Ainsi, le principal intérêt de Gotham devait être de montrer le parcours de ce pilier de la franchise Batman (oui, parce que, l'air de rien, on ne peut concevoir un film ou une série sur Batman... sans James Gordon) au moment où le personnage n'est encore qu'une jeune recrue encore auréolé d'idéalisme : James Gordon découvre sur le tas l'ampleur de la corruption qui règne autant dans les hautes sphères du pouvoir que dans les quartiers les plus mal famés. Interprété par Ben McKenzie (Newport Beach), ce James Gordon rappelle par bien des aspects l'Officier Jay Sherman que McKenzie a incarné dans Southland : l'acteur joue les deux personnages d'une manière à peu près similaire, donnant à Gotham des faux-airs de séquelle à Southland... ou à Southland des faux-airs de préquelle à Gotham, au choix. En fait, très vite ce show se présente ni plus ni moins comme une énième série policière dont la seule caractéristique est de se dérouler dans l'univers d'un comics : celui de Batman.

 

Et c'est là le problème de cette création de Bruno Heller. Si ce dernier est connu pour Rome, une série produite par HBO (ce qui a donné d'office un certain prestige à Gotham), il est aussi responsable de The Mentalist qui en a montré ses limites. Sur cette dernière, Heller a démontré sa difficulté à tenir en haleine son public sur le long terme avec un seul fil rouge (si la traque de John Le Rouge s'est éternisé pendant plusieurs saisons, elle a très vite perdu son intérêt dramatique, au bout de 3 ou 4 ans je dirais) et son manque d'efficacité sur les stand-alones. Nous retrouvons plusieurs de ses tics sur Gotham, puisque le pilote s'ouvre sur le meurtre des parents de Bruce Wayne (il s'agit de la première enquête de Gordon), un meurtre qui se retrouve très vite relégué au second plan dans les épisodes suivants. Bon, en même temps, le contraire aurai été étonnant, il me semble que, dans les comics, cette affaire a été classée sans suite (c'est un des facteurs qui a poussé Bruce Wayne, une fois adulte, à devenir Batman, tout de même), une conclusion évasive était donc prévisible.

 

 

 

 

En fait, on peut percevoir là tout ce qui fait défaut à Gotham, Heller semble constamment vouloir ménager la chèvre (le public fan) et le chou (le grand public), et ce, au sein d'un même épisode. Si le pilote parvient à contenter les fans en abusant de clins d’œils en tout genre (en 40 minutes, une bonne dizaine de personnages issus des comics sont introduits), cet aspect est si appuyé (pour ne pas dire parodique) qu'on en oublie l'enquête en question, celle-ci s'avérant un prétexte pour ce fan-service justement : que Harvey Bullock soit le premier coéquipier de James Gordon, pourquoi pas ; que l'on suive l'ascension de Oswald Cobblepot (futur Pingouin) au sein de la mafia, passe encore ; mais faire de Edward Nigma (futur Riddler, ici juste un nerd passionné par les énigmes) le médecin légiste de la Police et Selena Kyle une fille des rues (futur Catwoman) témoin du meurtre de Monsieur et Madame Wayne, juste pour pouvoir les inclure dans la série, ça en revanche, cela peut en faire tiquer plus d'un.

 

Du moins, si nous étions dans une optique de préquelle dans le même esprit que Agent Carter (la série Marvel doit enrichir le passif de l'univers ciné), or Gotham se veut plutôt dans la logique d'un « What if » (que l'on peut traduire littéralement par « Et si ? ») : les « what if » sont des numéros spéciaux, qui nous racontent des aventures se déroulant dans des univers parallèles et alternatives. Autrement dit, les « what if » sont des histoires dont le concept pourrait se résumer à « Et si Clark Kent n'avait pas été embauché par le Daily Planet, Superman serait-il resté à Metropolis ? » ou « Et si l'entreprise Wayne avait fait faillite, comment le jeune Bruce Wayne aurait fait pour fabriquer l'équipement de Batman ? ». Cette logique empreigne toute la série et légitime la moindre différence avec les comics (ceci dit, les comics eux-mêmes sont prompts à toute nouvelle réécriture de leur propre mythologie, nous ne sommes donc plus à une différence près) rapprochant Gotham de... Smallville qui racontait l'adolescence de Clark Kent, donc la genèse de Superman.

 

 

 

 

Ainsi, malgré le fait qu'elles appartiennent à deux genres différents (l'une est un cop show, l'autre un teen show), nous nous retrouvons avec des ficelles scénaristiques équivalentes. Même si Gotham se veut sombre et âpre avec des affaires glauques (dans la mouvance de la trilogie Dark Knight de Nolan), parmi les sous-intrigues, il y a tout de même plusieurs méli-mélo sentimentaux digne d'un soap (non mais quelle idée d'avoir casté une bimbo pour Barbara Gordon, la femme de James ? Et c'est quoi ce Nigma qui stalk sa collègue de labo ?) qui cohabitent difficilement (le mot est faible tellement le rythme est bancal) avec d'autres stories-arc comme l'évolution des mafieux, dont Cobblepot, qui n'ont souvent aucun lien avec l'affaire de la semaine. Pour vous dire à quel point certaines scènes tombent comme un cheveu sur la soupe.

 

Bon alors, la série est loin d'être catastrophique, mais n'est pas non plus une franche réussite. En tout cas, le moins que je puisse dire est que je n'accroche pas des masses. Je concède qu'elle a un potentiel énorme (tous les fans s'attendaient à ce que cette production de Bruno Heller soit l'adaptation de Gotham Central, une série en comics qui vaut le détour), mais elle pâtit d'une exécution qui, elle, frôle l'indigence au niveau de la production design (la ville est trop clean pour une cité rongée par le crime, nous sommes sur une network, la Fox, pas sur HBO) et de l'interprétation (si Donald Logue cabotine à souhait en Harvey Bullock et trouver le ton qu'il fallait, en revanche, l'acteur de Osward Cobblepot est de plus en plus ridicule au fil des épisodes). Vu que la série a déjà été renouvelée, il n'y a plus qu'à espérer que les auteurs reprennent en main le show pour pallier son manque d'efficacité. Dans le cas contraire, je ne donne pas cher de sa peau.

 

Photo Credits : Fox

Gotham : du Batman sans Batman
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